Journée Mondiale de la Pêche 2019 : L’amélioration des conditions de vie et de travail au menu

La journée mondiale de la pêche 2019 est célébrée du 28 et 30 novembre à Mbour (Sénégal). Organisée chaque année par la confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA), la rencontre vise à réunir les instances de la CAOPA. Ce, pour réfléchir sur comment « améliorer les conditions de vie et de travail » des acteurs du secteur, pour une pêche artisanale durable.
Pour plus d’informations, nous vous proposons l’intégralité de la note conceptuelle de la Journée Mondiale de la Pêche 2019.

Introduction
La Confédération africaine des Organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA), regroupe aujourd’hui des organisations professionnelles de la pêche artisanale maritime et continentale de 24 pays africains d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique du Nord, d’Afrique de l’Est, et la Fédération des pêcheurs artisans de l’Océan indien (FPAOI).

Dans un peu plus de deux ans, en Janvier 2022, débutera l’«Année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanales».
En 2017, la CAOPA s’est engagée, lors de la Conférence sur les Océans, à Malte, à promouvoir le développement, d’une manière transparente, participative et sensible aux enjeux de genre, de plans d’actions nationaux pour une pêche artisanale durable.

Depuis lors, nous avons travaillé à l’élaboration de ces plans, avec déjà des résultats tangibles dans plusieurs pays, comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, et des contacts ont été pris avec d’autres pays, comme la Guinée ou la Gambie.
Dans le cadre de ces initiatives, certains enjeux sont communs à toutes les communautés de pêche artisanale africaine et représentent des défis pour la mise en œuvre des Directives volontaires de la FAO pour une pêche artisanale durable.
Nous avons choisi d’aborder deux de ces défis lors de la Journée Mondiale 2019.

Contexte et Justification

Le premier de ces enjeux a été mis en avant par les femmes des organisations de la CAOPA lors de leur rencontre annuelle en 2019 (Guinée). Elles ont, à cette occasion, exprimé des préoccupations essentielles qui portent sur l’accès au poisson comme matière première à transformer, et sur leurs conditions de vie et de travail (activités de transformation et de commerce).
Etant donné la surexploitation des ressources halieutiques en Afrique, beaucoup de pêcheurs ne ramènent plus dans leurs filets de quoi approvisionner les femmes transformatrices, micro-mareyeuses et mareyeuses. Pour ce qui est des embarcations, les conditions de repos à bord sont insuffisantes, les installations pour l’hygiène inexistantes, la sécurité n’est pas assurée.

Les femmes du secteur sont directement affectées par la mauvaise gestion des ressources. Elles doivent également faire face à la concurrence déloyale d’autres acteurs, comme les usines de transformation du poisson en farine, qui les privent de poisson et les empêchent de contribuer à la sécurité alimentaire des populations.

Fumeuse Téménétaye

Devant cette situation, il est également indispensable que les femmes trouvent des techniques de transformation et de commercialisation qui leur permettent d’éviter les pertes de matière première, de minimiser les coûts liés à la transformation (performance des outils, durabilité) et d’avoir un produit de bonne qualité qui puisse leur rapporter un revenu décent.

La plupart des femmes transformatrices vivent dans la fumée qui les rend, elles et leurs enfants, malades. Ni les femmes ni les hommes des communautés côtières n’ont accès, à un prix abordable, aux services publics essentiels à la bonne marche de leurs activités: services d’enlèvement des déchets sûrs et hygiéniques, eau potable, sources d’énergie. Les enfants en bas âge ne bénéficient pas de crèches ni d’écoles qui soient proches des lieux de pêche et de transformation du poisson.

Cet objectif ne peut être atteint que si les femmes bénéficient de conditions de travail décentes. Aujourd’hui les hommes et les femmes des communautés côtières travaillent souvent dans des conditions dignes du moyen âge. La question de la santé, de la sécurité au travail doit devenir une partie intégrante de la politique des pêches de nos pays et des initiatives de développement.

L’amélioration des conditions de travail et de vie dans nos communautés est malheureusement sous la menace actuellement de stratégies de « croissance bleue » qui ne profite pas à la pêche artisanale.

Initialement destiné à orienter l’économie des océans vers la durabilité écologique et la réduction de la pauvreté, dans beaucoup de cas, ces stratégies encouragent maintenant les investissements dans les secteurs qui menacent la pêche artisanale et les communautés côtières dans de nombreuses régions du monde : exploitation gazière et pétrolière, augmentation du transport maritime, industries polluantes (comme les usines de farine), urbanisation toujours plus grande de la zone côtière, notamment pour le tourisme, aquaculture, etc.
Ce que l’on appelle maintenant «croissance bleue» est basé sur l’affirmation selon laquelle la transition vers une économie bleue doit être pilotée par des investisseurs privés et constitue une grande opportunité d’affaires. Mais il est peu probable que cela sauve les écosystèmes sur lesquels repose la pêche artisanale, tout en ne réduisant pas l’inégalité croissante. Une autre perspective est nécessaire, celle qui doit rejeter la promesse d’une croissance économique accrue, d’une dépendance vis-à-vis du financement privé et des systèmes de conservation fondés sur le marché, et qui doit prévoir des systèmes audacieux de redistribution.
C’est dans ce contexte que la CAOPA compte organiser en marge de son Assemblée Générale la Célébration de la Journée Mondiale de la pêche 2019 au Sénégal afin de réfléchir sur les défis/questions susmentionnés.

Les objectifs visés sont :
I- Objectif général :

Réunir les instances de la CAOPA, les 26 et 27 Novembre;

 Réfléchir à l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et travailleuses du secteur de la pêche artisanale du 28 au 30 Novembre.

II- Objectifs spécifiques:

 Organiser l’Assemblée Générale de la CAOPA ;
 Procéder au renouvellement du Bureau ;

 Célébrer la Journée Mondiale de la pêche à Mbour;
 Analyser les stratégies de l’économie Bleue et échanger sur les principaux défis liés à une pêche artisanale durable ;
 Analyser les Directives volontaires pour une pêche artisanale durable et les instruments juridiques relatifs la réalisation des droits des travailleurs et travailleuses de la pêche artisanale ;
Mener une réflexion sur la promotion les droits des travailleurs et travailleuses de la pêche artisanale pour une amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

III- Résultats attendus :

L’Assemblée Générale de la CAOPA est organisée ;
 Le Bureau de la CAOPA est renouvelé ;
 La Journée Mondiale de la Pêche est célébrée ;
 La problématique et les défis de l’économie bleue pour un développement durable de la pêche artisanale sont examinés et des solutions sont proposées;
 Des propositions d’amélioration du cadre de vie et de travail des communautés du secteur de la pêche artisanale sont faites ;
 Des propositions et des recommandations pertinentes sont faites pour la promotion et la réalisation des droits des travailleurs et des travailleuses du secteur de la pêche artisanale.

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